vendredi 2 mai 2014

SUR LA PRIÈRE (1) par St JEAN CHRYSOSTOME

Deux raisons nous incitent à admirer et de plus à estimer bienheureux les serviteurs de Dieu : premièrement parce qu'ils ont mis toute leurs espérances de salut dans la sainteté de la prière, en second  lieu parce qu'ils ont conservé par écrit les hymnes et les prières qu'ils offraient à Dieu avec joie et tremblement, et qu'ils nous ont transmis leur trésor, afin d'inspirer le même zèle à toute la postérité. Il convient en effet que les moeurs  des maîtres passent aux disciples ; il convient que les auditeurs des prophètes deviennent les imitateurs de leur justice, de manière à ce que nous consacrions notre vie à prier, à honorer et à servir Dieu, faisant consister à le prier avec une âme innocente et pure, notre vie, nos richesses, et le comble du bonheur.

Ce que la lumière du soleil est pour le corps, la prière l'est pour l'âme, si c'est un malheur pour un aveugle de ne pas voir le soleil, quel malheur ne sera-ce pas pour le chrétien de ne pas prier sans cesse, et de ne pas attirer par sa prière la lumière du Christ dans son âme ?

Et cependant qui ne considèrerait avec saisissement  et stupeur la charité que Dieu nous témoigne et l'honneur qu'Il fait aux homme de les admettre à le prier et à converser avec Lui? Car c'est vraiment avec Lui que nous parlons au temps de la prière, laquelle en outre nous réunit aux anges et nous élève bien au-dessus de la condition des brutes. La prière, c’est l'acte des anges; elle surpasse même leur dignité, puisque la dignité angélique est inférieure à la dignité de l'entretien avec Dieu. Cette infériorité, du reste, ils nous l'apprennent par la crainte profonde avec laquelle ils offrent leurs prières; nous instruisant nous-mêmes, lorsque nous aurons à nous approcher de Dieu, à le faire avec crainte et avec joie; avec crainte, car nous pourrions être indignes de la prière; avec joie, car nous devons en être remplis par l'honneur incomparable qui nous est accordé, une race mortelle étant admise à une faveur si haute que de s'entretenir  continuellement avec Dieu, et de s'élever par là au-dessus de la corruption et de la mort. Mortels par notre nature, par la familiarité avec Dieu, nous nous rapprochons d'une condition immortelle. 
Aussi, quiconque s'entretient fréquemment avec Dieu, devient certainement plus fort que la mort et que la corruption. De même que nous n’avons rien de commun avec les ténèbres lorsque nous sommes éclairés par les rayons du soleil, de même, celui qui jouit de la familiarité de Dieu doit être nécessairement supérieur a la mort. L'honneur éclatant dont nous sommes gratifiés, nous conduit lui-même à l'immortalité. Si les personnes qui possèdent la considération de l'Empereur ne peuvent tomber dans l'indigence, à plus forte raison est-il impossible que les âmes qui s'entretiennent et qui conversent avec Dieu, soient soumises à la mort. La mort pour l'âme, c’est l'impiété et une vie de prévarications : par conséquent, la vie pour l'âme consistera dans le service de Dieu et dans une conduite en rapport avec ce service. Or la prière sanctifie notre vie, la rend digne du culte de Dieu, et amasse dans nos âmes d'admirables  trésors. (à suivre)

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